Le déclin de l’agriculture
Tout ce qu’il y a à savoir sur le déclin de l’agriculture française
En moins de 20 ans, la France est passée de la deuxième à la cinquième place parmi les premiers exportateurs agricoles mondiaux. Un rapport du Sénat rendu public le 28 septembre 2022 s'inquiète du déclin du potentiel agricole français malgré un excédent commercial de 8 milliards d'euros en 2021. La part de marché de la France, qui a diminué d'un tiers au cours des 15 dernières années, ne représentait que 4,7 % des échanges internationaux en 2014.
L'Allemagne dépasse désormais la France dans les exportations de porcs, de poulets, de bœuf, de lait et même de fraises. Les Pays-Bas et le Brésil ont également dépassé la France, loin derrière le leader mondial incontesté, les États-Unis. Cette dégradation des performances s'explique par bien des raisons principales.
Dans cet article nous allons nous intéresser particulièrement aux causes du déclin de l’agriculture française.
La fin du modèle agricole Breton
L'agriculture française a connu une croissance exponentielle dans les années 1960 et 1970. A cette époque, les progrès technologiques et agricoles ont provoqué une augmentation explosive des rendements.
A l'époque, la Bretagne devenait un haut lieu français et européen de l'élevage laitier, porcin et avicole. La France a alors adopté ce modèle. Il s'agit d'un célèbre modèle breton, une entreprise familiale très productive dirigée par Paris. Sauf qu’aujourd’hui ce modèle devient de plus en plus obsolète et la France peine à accepter la réalité.
La France consomme 50% de leur importation : le saviez-vous ?
Avec moins d'exploitations et moins de compétitivité, la France agricole est en déclin et désormais la moitié du contenu de l'assiette est importée. "Son potentiel de production agricole s'érode d'année en année", prévient un rapport de la commission sénatoriale de l'économie, comme nous l’avons si bien mentionné.
Le pays est devenu cinquième exportateur mondial au cours des deux dernières décennies, mais ses importations alimentaires "ont doublé depuis 2000", déplore également le rapport sénatorial. Le plus inquiétant réside dans le fait que le potentiel de production agricole diminue d'année en année, indique le rapport, notamment en raison d'une baisse du nombre d'exploitations.
Le gouvernement actuel, selon le rapport sénatorial, n'a pas ralenti le déclin de la France dans le domaine agricole. Le rapport critique la décision du président d'inciter l'agriculture à "aller au marché". Résultat, près de 50 % des fruits et légumes des tables françaises sont désormais importés.
Au cours des deux dernières décennies, la part de poulet importé consommée par les ménages français est passée de 20 % à 50 %, tandis que la consommation de poulet labellisé a plafonné. Alors que les Français mangent chaque mois du poulet du dimanche de qualité, labellisé et produit en France, ils se soucient moins de la qualité de la viande et sont plus disposés à manger chaque jour du poulet importé issu d'élevages respectueux de l'environnement.
Par ailleurs, la vigueur des exportations laitières françaises est due aux faibles revenus de ses producteurs. Force est de constater que 61 % des éleveurs laitiers étaient en dessous du salaire médian (22 040 euros par an selon l'Insee en 2019). Un rapport critique l'augmentation de la taxe à la production, en particulier pour les coûts de main-d'œuvre
Comment arrêter le déclin agricole Français ?
Ce déclin est une découverte troublante qui ne surprend personne. En effet, depuis des décennies, la Coordination rurale (CR), dans ses meetings organisés, ses manifestations, ou ses discours divers, a montré que la France, par sa haute logique et son insistance sur l'exportation, a commandé l'agriculture française. Sur le mur.
Dans le cadre des États généraux de l'alimentation, le gouvernement souhaite positionner davantage le marché intérieur vers le haut, quitte à importer davantage de produits standards qu'il ne produit plus, faute de compétitivité.
La Coordination rurale s'est fortement opposée à cette stratégie et est en outre le fragiliser en imposant de nouvelles normes et réglementations de plus en plus contraignantes (PED, exigences environnementales, etc.) aux agriculteurs français.
Aujourd'hui, nous produisons moins de produits de meilleure qualité, mais seuls les plus riches peuvent se les offrir sans payer plus aux agriculteurs, le reste est exporté. Dans le même temps, la France importe des aliments de mauvaise qualité fabriqués avec des substances et des méthodes de fabrication interdites en Europe.
L'écart entre les populations devrait encore se creuser à mesure que les prix des denrées alimentaires et de l'énergie ont grimpé en flèche ces derniers mois. Le Bureau de coordination rurale en a fait écho aux sénateurs en juin lors d'une audition sur le rapport, exprimant son inquiétude quant à la stratégie de La Ferme France et à son impact sur les consommateurs ainsi que sur les agriculteurs.
Selon le rapport, 70 % de la perte de parts de marché s'expliquent par la perte de compétitivité par rapport aux autres pays producteurs. Ceux-ci comprennent, entre autres :
- Les coûts salariaux dans le secteur agro-alimentaire ;
- Des normes environnementales élevées qui coûtent cher aux producteurs.
- Nos exploitations sont en moyenne plus petites que nos concurrents.
- Pour la fiscalité de la production.
Ce surcoût pour l'agriculture française n'est pas compensé par des évolutions aussi rapides de la productivité globale des facteurs de production. Si les revenus des producteurs français n'augmentent pas, il n'y aura pas de puissance agricole française demain ! L'agriculture biologique a un coût que tous les consommateurs ne peuvent pas supporter.
Plus que jamais, la Coordination rurale exhorte les décideurs politiques à prendre des décisions qui cassent ce modèle d'exportation et s'engage à faire de la souveraineté alimentaire une priorité en France et en Europe.
En somme, ayant fait le tour du sujet, nous restons sur le fait que pour en venir à bout du déclin, la Coordination rurale appelle l'UE à introduire le principe de l'exonération agricole. Cela permettra à l'UE et à tous les pays de dissocier leurs prix agricoles des prix du marché mondial. Cela évite aux agriculteurs de disparaître par des ventes à perte, garantissant les prix à la consommation tout en garantissant la souveraineté alimentaire.
Publié le 14 octobre 2022